En direct de Gastronomia 2010, salon des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration, à Lausanne,Remicom.tv reçoit Monsieur Antoine WASSERFALLEN, Professeur Architecte EPFL SIA, qui nous explique les enjeux d’un label environnemental dans l’hôtellerie. Est-ce un plus pour l’hôtelier ou une contrainte insurmontable ?   Ce sujet d’actualité vous est proposé par le réseau REMICOM.COM, le spécialiste et leader de l’achat, vente, cession, fonds de commerce, droit au bail, immobilier commercial et de la transmission de commerces et d’entreprises. Plus de 2000 offres sur www.remicom.com

Transcription de l’émission 58 : Monsieur Wasserfallen Label dans l’hôtellerie

R
Bonjour à tous bienvenue sur Remicom TV, nous sommes à Gastronomia 2010, c’est le salon des professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, et nous sommes allés à la rencontre d’intervenants susceptibles de vous intéresser, de vous apportez quelques conseils et j’ai la chance d’avoir repéré glaner Monsieur Antoine WASSERFALLEN, bonjour et bienvenue.
A

bonjour
R
Vous êtes Professeur d’architecture d’ingénierie et de management des installations et infrastructures à l’école hôtelière de Lausanne donc vous enseignez mais vous travaillez, vous consultez aussi à l’extérieur en Suisse et à l’étranger, donc on a parlé énergie verte enfin, hôtellerie climatiquement correcte on peut le dire en matière évidemment de développement durable, d’économie d’énergie mais également d’économie de coûts, alors il y a un label qui existe, est ce que vous pouvez déjà peut-être nous dire un mot sur ce label, des hôtels sont labellisés « climate » je crois pour dire..?
A

Non il peuvent adhérer à des programmes, alors il y a de grands programmes on l’a vu avec un des orateurs c’était myclimate.org donc mon climat en anglais .org et ce mon climat leur donne accès à des calculs complexes sur leur bilan carbone, c’est à dire ils peuvent voir combien ils dégagent de CO2 en tonne équivalente de CO2 et ils ont droit aussi un audit par l’entreprise , alors la plupart des entreprises vendent ça, vous avez une entreprise de services, on avait entendu une entreprise de services française qui proposait les éco-services, vous pouvez avoir des consultants qui vous visitent qui font quelques choses mais qui sont peut-être pas forcément connectés à un label et puis vous avez des labels qui eux demande une pré-étude de consultance donc il faut travailler de façon horizontale.
R
D’accord mais qu’est ce que a y gagner finalement l’hôtelier d’avoir ce label, est ce qu’il va avoir plus de clients, il va devoir investir pour peut-être économiser d’un point de vue en tout cas énergétique, mais comment faire pour que l’hôtelier soit intéressé?
A

Pour les plus avancés de vos clients ou des personnes qui regardent cette chaîne je dirais que ça amène déjà un lien sur leurs sites internet et ce lien ce n’est pas du tout un lien, un stupide lien, tiens je vous mets un lien etc… Non c’est le lien d’un opérateur reconnu par leurs consommateurs comme quelqu’un qui dit ici il y a moins ou il n’y a plus de dégagement carbone. Alors pour un hôtelier c’est très intéressant parce que l’hôtelier peut lui, proposer ses liens en automatique et puis à la réservation soit il inclu directement le prix, on parlait de montant extrêmement modique : c’est 50 centimes ou 1 franc de compensation de carbone par nuit donc c’est à un centième, à deux centièmes de prix et puis le client comme pour l’avion, comme quand il vole en avion, il peut retenir la centime climatique et puis l’adhère et ça peut se trouver après sur l’autocollant de la porte ou bien sur la communication du prospectus de l’hôtel.
R
Donc mais concrètement sur quoi on économise l’eau, l’électricité, quels sont les nouveaux…?
A

Bon alors dans le secteur dont j’aimerais après qu’on parle les deux, je dirais qu’il faut essayer d’économiser toutes les ressources mais actuellement c’est surtout les programmes carbone, qui sont les programmes qui sont proposés, actuellement hôtellerie Suisse n’a pas encore mis sur pied un vrai label vert, il y a des labels sectoriels, fourchette verte pour la nourriture pour l’alimentation Gastronomia, on est dans un salon de nourriture, et bien sur l’hôtellerie le lit vert il n’est pas labellisé encore ça ça manque. Donc on est obligé d’adhérer à des autres labels qu’on trouve sur les opérateurs d’avions ou sur les opérateurs de voitures ou les opérateurs … et on tombe sur les labels climat.
R
D’accord, on parlait tout à l’heure de facture, donc vous étiez spécialiste, vous êtes là pour expliquer, conseiller les hôteliers, entrepreneurs à surveiller leurs factures et essayer de réduire des coûts et de l’énergie également sans doute par rapport à certains… alors est ce que vous pouvez nous éclairer, éclairer notre lanterne par rapport à ça?
A

Oui disons nous essayons dans l’enseignement que je donne à l’école et puis après dans la consultance que nous faisons pour les entreprises, nous essayons de diminuer les factures des hôteliers sur des pôles environnementaux pour commencer, alors les pôles environnementaux on les prend comme ça parce que c’est ma spécialité pour le moment dans les murs de l’hôtel ou dans l’équipement, alors l’équipement ça peut être l’énergie et on se rend compte qu’actuellement beaucoup d’hôtels, on pourrait dire 9 hôtels sur 10, 9 restaurants sur dix en Suisse payent trop d’énergie, achètent trop d’énergie et gaspillent trop d’énergie. Ce n’est peut être pas le cas s’ils viennent de rénover avec une bonne équipe de mandataire donc je n’irai absolument pas contre l’équipe qui a travaillé pour eux là il peuvent faire un petit contrôle avec soit leurs mandataires s’ils viennent d’effectuer une rénovation il y a un an ou deux, ils peuvent effectuer le contrôle avec leurs mandataires ou l’équipe de projet qu’ils ont eu pour réaliser, ils peuvent aussi venir chez nous ou chez d’autres consultants avec leurs factures et vu le nombre de couverts, vu le nombre des clients, vu le nombre de mètres carrés..
R
Voir comment ils peuvent améliorer…
A

Bon on voit déjà tout de suite s’ils payent trop. Et on pense qu’actuellement il y a des hôtels qui paient jusqu’à quatre fois, des hôtels et des restaurants paient jusqu’à quatre fois le prix qu’ils pourraient payer et quand on voit que pour un établissement moyen on est très vite dans des factures de 200 000 francs par an, ça veut dire qu’un potentiel d’économie pour un restaurant moyen qui gaspille, il y a un potentiel d’économie de jusqu’à 150 000 francs par an, ça représente souvent même deux emplois, donc très souvent les hôteliers ou les restaurateurs opérateur de PME, ils préfèrent mettre à la porte un ou deux employés en croyant économiser alors qu’en réalité déjà avec leurs fournisseurs d’énergie ils ont probablement la même quantité à gagner, puis cette quantité ils peuvent la regagner après peut-être sur les produits du nettoyage, ils peuvent la regagner sur les produits de désinfection, ils peuvent la regagner aussi sur des autres éléments comme justement la protection solaire, le froid, le chaud dans leur hôtel, ceci au niveau de l’énergie mais c’est de l’énergie un peu supplémentaire.
R
D’accord est ce qu’on sait… les gens qui viennent aussi dans les hôtels doivent être sensibilisés, ils ne sont pas forcement adeptes des éco-gestes, les gens qui vont dans les palaces par exemple mais comment est ce que peu à peu la conscience générale sera prise et les gens, comment l’hôtelier peut amener son client à faire attention à la climatisation, à la lumière allumée, à la télé … à la blanchisserie?
A

Alors les hôteliers actuellement ils recourent peut-être un peu à la privation des services c’est à dire que beaucoup d’hôtels maintenant sont équipés avec cette clé qui est interruptible avec la carte, on est obligé comme vous le dites de mettre la carte pour faire fonctionner l’électricité. Ça a un défaut, c’est que souvent la chambre se remet en chaleur, vous quittez une chambre sous les tropiques tout s’arrête, vous revenez elle est surchauffée, alors il y a souvent par une optimisation sur le fait qu’après il faut réajuster l’ensemble, donc il y a pas de logique prédicative. Nous avons l’impression que de 2010 à 2020 les logiques dites prédicatives, c’est-à-dire qui accompagnent les choix et les conséquences des choix vont avoir un impact très fort, elles sont encore très peu vendues. Ensuite il y a une deuxième chose possible, l’hôtelier peut avoir une vision plus active, j’ai rencontré à chypre justement, toujours c’est l’exemple de chypre qui est intéressant sur le manque d’eau, et j’ai rencontré un hôtelier qui danse du quatre étoiles pas du cinq qui avait enlevé les bondes des baignoires.
R
Les quoi des baignoires!!
A

Le bonde c’est à dire on va enlever les capuchons.
R
A oui d’accord.
A

Et fermetures des baignoires, et il les avait carrément pris et puis m’a dit de regarder les baignoires, je regarde sa baignoire, moi j’étais là pour consulter pour l’aider à économiser, et il m’a dit regardez j’économise déjà, j’ai enlevé le bouchon, ah oui… Il m’a dit j’ai des anglais, j’ai beaucoup d’anglais qui prennent des bains chez moi, on ne peut pas imaginer les anglais en plus chacun prend à bain, j’ai deux personnes c’est deux bains, et un bain on oublie c’est 400, 500 litres d’eau, donc ça peut être des quantités énormes et alors lui il avait enlevé les bondes, il m’a dit elles sont dans mon tiroir au bout de quatre jours si les gens protestent quatre jours de suite, je les rends, alors il disait qu’ils arrivaient à un écrémage, on a l’impression que un client qui persiste pendant quatre jours à redemander le capuchon de sa baignoire, c’est un client qui est moins que 10% du cheptel si on veut bien, donc c’est extraordinaire, là il avait obtenu une très bonne économie.
R
Tout à fait, bien oui finalement avec son petit système!
A

Ah c’est assez simple, alors il y a des choses assez simples comme ça qui sont un peu idiotes, c’est privatif un peu communiste, et j’avais trouvé quand même qu’il y avait un certain intérêt mais c’est parce qu’au fond il se positionnait aussi sur une hôtellerie de prix bas, donc dans le prix bas vous pouvez réagir de cette façon vis à vis de vos clients, dans le prix haut c’est déjà plus difficile, donc prix haut c’est plus difficile d’expliquer à un client qu’on va essayer de le priver de bain. Une stratégie possible qui est tout de même tolérée par l’hôtellerie Suisse c’est actuellement de remplacer un quart des baignoires par des douches, ça c’est accepté en Suisse. Mais c’est un acte déjà considéré comme engagé, c’est comme réduire le parking.
R
Oui bon à côté de ça il y a les SPA… qui vont avec ce genre d’hôtels mais enfin vous sentez que les choses sont en marche dans l’esprit des gens, que ça avance, que ça tendra à avancer de plus en plus?
A

En suisse on a une bonne progression, malheureusement la Suisse est un bon élève si j’ose dire, donc on a un problème en Suisse que la Suisse est un pays qui finalement bon gré mal gré a des assez bons résultats, pour avoir de meilleurs résultats, on pourrait à peu près diminuer tous les factures de consommation en Suisse à peu près d’un facteur deux, mais ce n’est pas aussi critique que dans d’autres pays, ou on doit vraiment les diminuer d’un facteur 4 ou 5.
R
Bon élève en Suisse mais le touriste Suisse qui voyage, on l’a vu consomme deux fois plus d’eau je crois par jour qu’en local?
A

Voilà qu’un indigène ou qu’un habitant.
R
Voilà ça c’est clair, Merci beaucoup Monsieur WASSERFALLEN, est ce que vous avez un dernier conseil peut-être à donner à quelqu’un qui va se lancer dans l’hôtellerie ou à agrandir son hôtel aujourd’hui donc en 2010 ? Qu’est ce que vous conseillerez véritablement justement peut-être dans ces perspectives?
A

Donc il devrait s’imaginer, en fait il devrait prendre son plan comptable à l’envers et quand il fait son business plan ou son plan d’affaires prévisionnel, il devrait en réalité se demander sur quel pôle il aimerait agir pour le baisser, et ces pôles là en prenant, en fixant trois à cinq priorités, ça peut même être le jardinage, je vous disait le jardinage par exemple diminuer les engrais, diminuer les espèces fragiles dans le jardin, diminuer aussi la fréquentation des insectes, suivant ce qu’on choisit de mettre dans son jardin, on a induit toute l’exploitation du jardin pendant dix à quinze ans.
R
A peine imaginer ça en amont, moi j’imagine que tout ça est vérifié. Et bien merci beaucoup Antoine WASSERFALLEN pour tout vos conseils, on se retrouve très bientôt pour une autre émission. Au revoir.
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